BONHEUR A L'ETOUFFEE
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Touché au nerf de mon âme
j'avais essoré mon coeur,
défait mon visage,
bradé mes joies d'un autre âge.
J'ai surnagé dans ce vasier.
J'ai extirpé ma vieille rancoeur,
Dans le Kanoun de mon coeur,
j'ai ravivé le doux brasier.
Et comme une mouette frileuse,
J'ai renvoyé après vingt ans,
mon âme se réchauffer un instant,
à flanc de ma montagne merveilleuse
Le souvenir se meurt,
mais son écho persiste,
Il enfle et résiste
pour tempérer nos pleurs.
Sur nos vagues en deuil,
sous un reste de ciel bleu,
Il ricoche grâce à Dieu
qui le préserve des écueils.
Pour un peu de chaleur,
pour un brin de justice,
pour autre chose qu'un caprice,
Il caresse le temps à rebrousse malheurs.
Je sens notre conscience en survie.
Elle bat dans les entrailles du volcan.
L'écho brisera son carcan
et Dieu aura enfin servi.
LE CERVEAU ET LE VIRUS DU CHANT
selon Rosaire
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D’après les grosses têtes pensantes, le cerveau se modèle, se structure, se crée de nouveaux circuits au fur et à mesure de sa formation. Et cela dans un milieu et dans des activités spécifiques. Les cerveaux de l’avocat, du sportif, du musicien etc… ne sont pas les mêmes, tant par l’impact de leur activité particulière et répétitive, que par l’empreinte indélébile du milieu dont ils sont issus. Les cerveaux deviennent donc particuliers.MOZART s’est épanoui dans une famille de musiciens. La légende raconte même que,tout petit, il était tombé dans une marmite familiale de bouillon de culture musicale. Venant au monde chez des charcutiers, des médecins, des peintres, etc…Il aurait aussi fait preuve de génie. Mais son âme aurait été poinçonnée autrement. Peut-être serait-il devenu un deuxième Michel Ange, un autre Pasteur, un matheux ou encore le roi du pied de veau en gelée… Mais difficilement un grand musicien.
MON ECOLE DE CHANT
( Par Rosaire DI STEFANO )
Je me suis longtemps demandé pourquoi mes parents avaient négligé de m’inscrire au conservatoire de musique, pour des cours de chant, de solfège, de vocalise… Quelle distraction tout de même. Quelle mauvaise gestion familiale. Mais plus tard, j’ai mené une petite enquête d’ordre psycho généalogique. Et j’ai trouvé la réponse: ils étaient fauchés. Pas un sou à consacrer au moindre amuse-gueule. Pas même au chant, l’amuse- gueule par excellence.
Mais mon père, mine de rien, m’a quand même transmis ce goût d’ouvrir mon clapet pas seulement pour « tchatcher » mais aussi pour musicaliser mon gosier. Je l’entendais chanter, non pas dans notre salle de bain, comme tout le monde, mais dans notre cuisine. Car c’est là qu’avaient lieu nos ébats aquatiques. Dans notre lessiveuse. Notre maison n’avait pas de salle de bain. Encore une entorse aux bons usages. Quels parents tout de même… Et puis, alors, sur les chantiers où il m’emmenait. Ah! Quelles leçons de chant gratuits et obligatoires. Une école… Mon père était maçon Sicilien. Toute son équipe était Sicilienne. Tous poussaient la chansonette à longueur de chantier: les bons, les mauvais et même les insupportables. - « Et la luna menzzu mare mama mia m’a maritari… » Et allura, sta calcina… - Arriva arriva… Ou alors, c’était l’incontournable « O sole mio » - Mana tu sole, piu bel e nev… Qu’est-ce que j’ai pu entendre brailler ce SOLE MIO! Surtout quand on recevait l’averse. Ils posaient leurs outils et torse nu, ils s’époumonaient sous la pluie. C’était leur grande fête. On n’aimait pas trop le soleil sur les chantiers. Et la pluie était une bénédiction. Ils étaient venus au monde une truelle à la main, comme d’autres arrivent dotés d’un pedigree ou de la bosse des maths. Ces forçats de la truelle avaient un seul privilège. Ils en usaient et en abusaient. Ils pouvaient impunément brailler sur leur échafaudage tout leur saoul. Il y avait de ces casseroles pas possibles.
Mon père le dimanche sur la piste,
le lundi au chantier...
Mais la vraie leçon de chant m’était donnée pendant la pause de midi:
Plat de spaghettis collectif au milieu et bonbonne de Marsala sur le côté, les fanatiques du bel canto écoutaient respectueusement les meilleurs d’entre eux . Pas de débridement intempestif . Plus de braillements. Une autodiscipline de bon aloi s’instaurait. On s’autorisait seulement à servir vocalement de support harmonique aux stars de la truelle, loin des guitares et des mandolines, qui étaient des instruments hors de prix pour cette catégorie de journaliers - « zingo Ferro ramo, zingo Ferro ramo… Un répertoire riche de chansons siciliennes et napolitaines a été appris là de la façon la plus scrupuleuse et précise qui soit. De véritables vocations ont été brûlées sur ces chantiers, loin des circuits patentés et des « STARS AC. » de tout acabit.
J’ai été impressionné durant ma petite enfance par le sérieux et la qualité de ces chanteurs clandestins. Ils m’ont poinçonné l’âme à jamais…
Construisons une nouvelle patrieOn cause, on cause...
et on chante quand ?
Une rencontre fortuite de trois mélomanes aux origines Italiennes, avec des parcours musicaux différents. Ils ont constitué le Groupe " Sicilo-Normand "TRINACRIA".
Au chant,Rosaire DI STEFANO est d'origine sicilienne.
Au chant, Josy CANCIAN est d'origine vénitienne.
A la guitare, Daniel SALES est d'origine piémontaise.
Il va sans dire que Rosaire leur a donné le virus de la Sicile
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